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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 00:17
Les dernières 24 heures se sont déroulées avec une rapidité cruelle pour le désormais ex-président centrafricain, François Bozizé, qu’on annonce actuellement au Cameroun. Entre temps, le palais présidentiel a été investi par le chef de la coalition Séléka, Michel Djotodia, qui s’est autoproclamé Président de la République centrafricaine (RCA). © paris-match François Bozizé, qui était arrivé au pouvoir par les armes, en a été chassé à son tour par les armes. Après la prise éclair de Bangui, la capitale centrafricaine, le nouvel homme fort du pays, Michel Djotodia, chef de la rébellion du Séléka, qui s’est autoproclamé président de la république, a affirmé ce lundi 25 mars 2013, qu’il maintiendrait le gouvernement d’Union nationale avec à sa tête le premier ministre Nicolas Tiangaye. Le lundi 25 mars, Afriquinfos.com a indiqué que «François Bozizé le président centrafricain, accompagné de ses deux fils et de son aide de camp, a atterri ce dimanche à 18h00 locales à l’aérodrome de Batouri, le chef-lieu du département de la Ka-dey, dans l’est du Cameroun». «Oui, il a atterri là-bas», a affirmé le ministre camerounais de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o, poursuit le site d’information. Quant à sa famille, elle a été reçue en République démocratique du Congo (RDC), a précisé Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement et ministre des Médias congolais. La route semble encore longue pour que les choses rentrent dans l’ordre dans ce pays. Pour sécuriser ses ressortissants mais aussi pour calmer les ardeurs des belligérants, la France a envoyé 350 soldats en renfort. En clair, 200 militaires français ont été envoyés samedi, et 150 autres le dimanche 24 mars 2013. Ces troupes françaises doivent «assurer la protection des ressortissants français et étrangers présents en Centrafrique», rapporte LePoint.fr citant une source proche du dossier. Les autorités françaises ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies. A peine aux affaires, Michel Djotodia enregistre déjà la contestation de sa prise de pouvoir par François Nelson N’Djadder, président de la rébellion Forces Révolutionnaires pour la Démocratie, qui a annoncé sur Afrik.com son intention de mener un contre coup d’Etat dans les prochains jours. Le nouveau leader de la Centrafrique n’est toujours pas reconnu par la communauté internationale. L’ONU a même condamnée la prise de Bangui tandis que l’Union africaine (UA) a évincé le pays de son organisation. Elle a imposée des sanctions à l’encontre des responsables de la Séléka. «Le Conseil décide de suspendre immédiatement la participation de la RCA à toutes les activités de l’Union africaine ainsi que d’imposer des sanctions, à savoir des restrictions de voyage et le gel des avoirs des dirigeants de la Séléka, dont son chef Michel Djotodia», a annoncé le Commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. En attendant la suite, la Seléka appelle toutes les forces vives du pays à s’asseoir autour d’une table pour discuter de l’avenir du pays.
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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 17:55
Togo: Le corps de la paix participe à la construction d'une école pour enfants sourds et aveugles 2 AVRIL 2012 Comment DOCUMENT Washington — Deux bénévoles du Corps de la paix travaillent avec la population locale togolaise pour construire une école destinée à accueillir 45 élèves sourds et aveugles et enseignants. Alisha Williams, originaire de Lakewood (Colorado) et Mary Bryson, originaire de Cashtown (Pennsylvanie), coopéreront avec une organisation locale non gouvernementale qui s'emploie depuis plus de dix ans à assurer l'éducation des enfants de la région. Une partie des fonds nécessaires à la construction de l'école est actuellement collectée par le Programme de partenariat du Corps de la paix (PCPP), qui recueille des dons pour financer des projets communautaires de bénévoles du Corps de la paix dans le monde entier. Le PCPP prendra en charge les coûts de construction de base du projet, tandis que la population locale a donné un terrain, du sable, du gravier et de l'eau, ainsi que des bancs d'écolier, a annoncé le Corps de la paix le 27 mars. Jusqu'à ce jour, les cours étaient dispensés dans une école de fortune ne comprenant qu'une seule salle. « Ils ont quelques bancs, un tableau fissuré, deux manuels scolaires datant d'une autre époque, trois enseignants dévoués - dont certains sont aussi handicapés - et 20 élèves motivés », explique A. Williams, chargée de la gestion de ressources au Togo depuis septembre 2010. « Cette année, ils ont accumulé trop de dettes pour continuer à fonctionner et ils n'ont tout simplement pas les moyens de construire leur propre école. Les habitants donnent ce qu'ils peuvent, mais sans établissement stable, l'école fermerait probablement jusqu'à ce qu'elle trouve de nouveaux soutiens financiers », poursuit-elle. La nouvelle école donnera aux élèves une structure bien équipée dans laquelle ils pourront apprendre à lire et à écrire, ainsi qu'acquérir des moyens de communication de base et des connaissances techniques et artisanales traditionnelles. L'école aura également un internat car beaucoup d'élèves vivent dans des villages voisins et n'auront ainsi pas à faire le trajet tous les jours. Pour bénéficier de fonds dans le cadre du Programme de partenariat du Corps de la paix, une localité doit fournir 25 % du coût total du projet et définir les facteurs de réussite du projet. Cela lui permet ainsi de s'approprier le projet et d'en garantir la viabilité à long terme. Plus de 2.680 bénévoles du Corps de la paix ont travaillé au Togo depuis le lancement du programme en 1962 et 118 bénévoles y sont actuellement présents. Ils mènent des activités dans les domaines de l'éducation, de l'environnement, de la santé, du commerce et des technologies de l'information. Les bénévoles sont formés et travaillent dans les langues suivantes : adja, bassar, éwé/watchi, français, gourma, haoussa, ifè (ana), kabiyé, kotokoli, mina et tchokossi (sénoufo). PS: Nous demandons à nos sœurs amies et compatriotes des USA de nous rejoindre pour le retour du péage corps en centrafrique Me contacter en privé pour avoir les coordonnées du vice consul des USA en centrafrique qui nous accompagne dans cette démarche
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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 15:57

Les signataires du Manifeste pour un véritable dialogue inclusif en Centrafrique écrivent à Nicolas Sarkozy


Le jour de l’arrivée à Paris de François Bozizé, les signataires du Manifeste pour un véritable dialogue national inclusif en Centrafrique dont la liste s’allonge de jour en jour, ont tenu une première réunion à Paris le samedi 17 novembre 2007 à laquelle ont notamment pris part la plupart des opposants au régime de Bozizé sur la place de Paris tels que Jean Jacques Démafouth, Prosper N’douba et Djim-Arem Maïtart. 

Ils ont mis en place une structure légère dénommée « Bureau de Coordination » des signataires du Manifeste pour un véritable dialogue national inclusif en Centrafrique à la tête duquel se trouvent Me Nganatouwa Goungaye Wanfiyo, Sylvain Démangho et Christian Darlan.

Cette première réunion avait pour but d’évaluer la portée du succès qu’entraîne déjà cette initiative depuis la parution du Manifeste avec les premières signatures, et d’apprécier l’évolution de la situation nationale afin d’arrêter les actions à mener à court, moyen et long terme.

C’est ainsi que les signataires ont arrêté un plan d’action et décidé de publier immédiatement la lettre qu’ils ont envoyée au président de la République française Nicolas Sarkozy dont l’Elysée a bien accusé réception. Est-ce ce courrier qui a eu comme effet l’annulation annoncée par l’Elysée du déjeuner initialement prévu entre Sarkozy et Bozizé ? Les observateurs ne manquent pas de s’interroger.

La Rédaction


Nganatouwa GOUNGAYE WANFIYO
Avocat
Avenue Barthélemy BOGANDA
Immeuble New Montana
B.P. 1883 BANGUI
République Centrafricaine

Téléphone : 00 (236) 21 61 14 58
Mobile : 00 (236) 75 04 41 04
Europe ( 00 33) 6 25 24 95 66  ( 00 31 ) 6 272 89 49
E-mail : goungaye@yahoo.fr
 

A

 Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République Française
Palais de l’Elysée

55, rue du Faubourg Saint Honoré

75008 Paris   


Monsieur le Président,

 

 Notre pays, la République centrafricaine, est en proie à une grave crise politique ayant débouché sur des conflits armés avec des conséquences extrêmement désastreuses pour la population.

Selon une idée assez répandue en France et au sein de la Communauté internationale, les conflits ravageurs en Centrafrique seraient les conséquences directes de la situation de guerre qui prévaut dans le Darfour au Soudan.

Sans denier l’existence des répercussions de la guerre du Darfour dans notre pays, nous voudrions attirer votre attention sur le fait que les causes des conflits en Centrafrique sont d’abord et essentiellement internes. Elles sont dues au mode d’accession au pouvoir par la violence et à la gestion de l’Etat.

Certes, après la rébellion armée et le coup d’Etat du Général Bozizé du 15 mars 2003, sur le plan strictement formel, des institutions démocratiques ont été mises en place suite à l’adoption par référendum de la Constitution du 27 décembre 2005. Cependant, ces institutions ne fonctionnent pas parce qu’elles sont en réalité sous le contrôle de l’exécutif et en premier lieu du chef de l’Etat.

A titre d’exemple et sans être exhaustif, l’on peut relever les violations constantes de la Constitution par l’exécutif lorsque celui-ci considère que le texte fondamental ne sert pas ses intérêts.

L’Assemblée Nationale est une coquille vide.

L’indépendance de la justice est quotidiennement menacée par les interventions intempestives et directes du chef de l’Etat sur le travail des juges considérés à tort ou à raison comme corrompus ou comme des adversaires du pouvoir exécutif. Les juges ne peuvent dire le droit dans la liberté. La Cour Constitutionnelle, lorsqu’il lui arrive de faire preuve d’une certaine indépendance est placée sous pression et il est exigé de ses membres de démissionner. Cette instance est en ce moment suspendue de fait.

Sur le plan économique, les affaires de l’Etat sont contrôlées par un cercle familial et clientéliste ou sont gérées dans une opacité totale.

Les droits de l’homme sont bafoués et les nombreux rapports établis par des organisations nationales et internationales sérieuses sont unanimes sur les graves crimes commis par les mouvements de rébellion armée mais surtout par la Garde présidentielle,  notamment dans le Nord-Ouest et le Nord-Est de la République centrafricaine où l’on dénombre plus de 10.000 maisons d’habitation incendiées, plus de 500.000 personnes forcées aux déplacements intérieurs dans des zones insalubres et inhabitables ainsi que de centaines de milliers d’autres contraintes à l’exil dans les pays voisins.

La République Centrafricaine donne l’apparence d’un Etat mais en réalité s’est installée une anarchie totale.

Face à cette situation, des voix se sont élevées pour demander la tenue d’un dialogue entre tous les protagonistes du conflit pour ramener la paix et la sécurité.

Opposé dans un premier temps à cette demande exprimée par les forces sociales et vives du pays, le Général Bozizé a fini par en admettre l’idée mais sous réserves d’en fixer lui-même les conditions en excluant certains protagonistes de la crise et en limitant sa portée.

C’est dans ce contexte que des citoyens centrafricains de toutes origines sociales ainsi que d’opinions diverses et variées ont décidé, face à la démarche du gouvernement qui va indubitablement aboutir à une impasse, de réagir en publiant un Manifeste appelant à la tenue d’un dialogue politique inclusif selon des modalités raisonnables et réalistes pour parvenir à une paix durable.

Ce document qui vous est transmis en annexe de la présente est une base de revendication citoyenne et démocratique. Signé au départ par quelques citoyens, des personnalités intellectuelles et politiques, il continue de recevoir de nombreuses adhésions.

La table Ronde qui a réuni les bailleurs de fonds nationaux et multilatéraux, dont la France, sur la situation en Centrafrique à Bruxelles le 26 octobre 2007 s’est achevée par des promesses tendant à appuyer le projet de redressement de l’économie nationale et de lutte contre la pauvreté présenté par les autorités gouvernementales de notre pays. Ces promesses ont aussi été faites sous réserve de la tenue d’un dialogue politique, du respect des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et du rétablissement de la stabilité.

Nous savons que le régime du Général Bozizé sans base populaire mais reposant sur une gestion familiale et clanique, la violence politique ainsi que la terreur militaire survit grâce au soutien important que lui apporte la France, particulièrement dans les domaines budgétaire, diplomatique et militaire.

La France peut-elle se prévaloir d’être la patrie des droits de l’homme et du citoyen et en même temps continuer à cautionner, par la permanence de son soutien, un régime aux antipodes de l’Etat de droit, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance ?

Les populations centrafricaines ont retenu vos propos très forts lors de la campagne électorale française selon lesquels vous alliez dans les relations de la France et de l’Afrique opérer une rupture avec les pratiques passées empreintes de paternalisme, voire de néo-colonialisme.

Les Centrafricains épris de démocratie et de paix et aspirant à vivre en toute quiétude dans leur pays ne relèveront-ils pas un double langage de votre part si vous ne cessez tout soutien qui risque d’être considéré comme une complicité active avec un régime autocrate, de terreur militaire, d’oppression sociale tel que celui représenté par le Général Bozizé ?

Devant l’impasse dans laquelle se trouve notre pays, la seule chance qui s’offre aux Centrafricains c’est un vrai dialogue sans exclusion afin de ramener durablement la paix et la sécurité.

C’est pourquoi les signataires du Manifeste pour un dialogue politique véritablement inclusif en Centrafrique vous exhortent à apporter tous vos concours possibles à leur pays et au peuple centrafricain pour la concrétisation de cette ultime alternative politique nationale.

En effet, seul ce dialogue sans exclusion pourra permettre de trouver les voies et moyens en vue de la résolution du conflit politico-militaire en cours mais aussi de déclencher un véritable processus de sortie de crise dans notre pays.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de notre haute considération.

  Grenoble, le 15 Novembre 2007

  Pour les signataires du Manifeste,

Me Nganatouwa GOUNGAYE WANFIYO

Avocat au Barreau de Centrafrique.   

 

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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 15:40

LA LONGUE HISTOIRE DE LA BD CENTRAFRICAINE

LA LONGUE HISTOIRE DE LA BD CENTRAFRICAINE


Dans les années 60, à l'aube de l'indépendance, ont parues les premières BD en noir et blanc ayant pour titre, Les aventures de Tamako.

Bien plus tard, en 1983, avec le soutien de l'Archidiocèse de Bangui et édité par le centre Jean XXIII fut lancé une revue entièrement BD de 16 pages Tatara[1], dessinée par Come Mbringa sur des scénarios de Eloi Ngalou et Olivier Bakouta-Batakpa, tous les trois enseignants de collège. Le personnage principal Tekoué[2] est un intellectuel ivrogne, paresseux et malhonnête mais sympathique. Il est le témoin de la société centrafricaine : il en incarne tous les vices. C'est l'anti-modèle, celui qu'il faut éviter d'imiter. C'est pourquoi la conclusion de chaque histoire l'oblige à tirer les leçons de ses mésaventures, ce qui laisse toujours un espoir de changement.

Comme l'explique Olivier Bakouta-Batakpa « Avec Tatara, nous voulons montrer aux centrafricains ce qu'ils sont, leur faire voir leur réalité quotidienne. Notre souci est donc d'aborder les fléaux sociaux avec objectivité afin d'inviter le lecteur à tirer lui-même les leçons de chaque mésaventure de Tekoué. [3]»

Le sujet des premiers numéros illustre parfaitement cette volonté moralisatrice[4] puisque sont abordés des thèmes comme l'alcoolisme (Tatara numéro 1), l'exode rural (numéro 2), la corruption (numéro 3), l'oisiveté (numéro 7) ou le népotisme (numéro 8). Parallèlement aux critiques sociales, Tatara publiait des séries réservées à la santé publique en traitant de la tuberculose, le diabète, la diarrhée, toujours par le biais de la BD.

Vendu à 200 Fcfa[5], Tatara connut un grand succès pendant une décennie au point même de susciter une réédition en 1996 à Dakar par l'ENDA-Siggi d'une des histoires intitulée Les neveux d'abord. Phénomène rarissime en Afrique qui s'explique par la qualité narrative des bandes dessinées. Tatara sera interdite au bout de 12 numéros par les autorités du pays qui se sentaient visées par certaines critiques[6].

Ce journal fut relayé en 1985 par Balao jeunesse (Bonjour jeunesse), trimestriel lancé par les éditions Edifamadi[7], avec le soutien du Centre Culturel français de Bangui et publiant outre de la BD, des jeux et des dossiers thématiques. Il avait comme personnages principaux Kossi, Max et Solo, l'inspecteur Mandelot, créés par Clothaire Mbao Ben Seba (scénariste et rédacteur en chef), Josué Daïkou[8] (dessinateur) et Roger Kouli (Directeur de publication). Entièrement gratuit grâce à des subventions, libre de contenu au début, Balao fut très vite utilisé par des bailleurs de fonds étrangers ou des institutions comme moyen de transmission de valeurs éducatives et de sensibilisation à des messages de santé publique. Le fonds routier, organisme dépendant du Ministère centrafricain des transports, en particulier, y eut recours très régulièrement : deux numéros de 1994 sur le code de la route et l'alcool au volant (intitulé De la bière à la bière) et de 1998 sur les véhicules privés servant de transports en commun (intitulé Gbaloukouma ). Un dernier numéro, dessiné par Didier Kassaï et paru en 2006 près de dix ans après l'avant-dernier, est également financé par le ministère des Travaux publics et s'intitule « Jaune, rouge, vert, stop : spécial rentrée scolaire ». Il informe sur les dangers de la circulation routière. La popularité de ce journal, à l'époque de sa parution régulière, fut énorme pour un pays d'Afrique et les tirages très importants : entre 8 et 10 000 exemplaires par numéro. Ce succès explique le lancement d'autres journaux comme Dounia, le journal des jeunes, écrit par des jeunes de Notre dame d'Afrique et publié avec le concours de l'Archevêché de Bangui mais également de Mbayo qui ressemblait à s'y méprendre à Balao : même dessinateur, même scénariste, même présentation, même mise en page et même souci de didactisme. Le numéro 0, par exemple, sensibilisait les citoyens à la nécessité de voter aux élections en suivant les aventures de Gbasso, Tutu et Aïda.

Mais ces revues n'eurent pas le même succès que Balao et Tatara.

Le succès de Balao atteint des sommets lors de l'édition du Guide Balao pour la Centrafrique en 1991 et, surtout lors du grand concours organisé en 1988 par ce journal en partenariat avec l'atelier BD du CCF et portant sur le thème « Comment aimeriez vous vivre en l'an 2000 ? ». Ce concours donna lieu à l'un des premiers albums locaux, dans lequel on retrouve les premiers pas d'auteurs qui se manifesteront par la suite : Régis Noé, Joel Assana, Guy Clotaire Mbilo, Dieudinné Ngamakota, Dum Singa, Jephte & Josias Bondravode, Modeste Nzapassara, Joël Wangbia...

Quelques années plus tard, en 1990, paraissent deux BD L'homme du parc auto édité avec beaucoup de courage par l'auteur Ernest Weangai et La chaîne et l'anneau, financé par Le Centre Culturel Français de Bangui, et qui constituait le premier album mixte entre un scénariste européen : Philippe Garbal et un dessinateur centrafricain : Bernardin Nambana. Ces albums, édités en moyenne à 1000 exemplaires, n'ont cependant jamais atteint les tirages de Balao et Tatara.

En matière d'album, l'étape suivante la plus marquante fut un autre album intitulé Wan-to, une aventure de Bafio, édité en 1993 par le Centre Culturel français de Bangui. Cette Bd était le fruit d'un des ateliers de la semaine culturelle organisée à Bossangoa et animé par Guy Eli Maye. Cette BD, agrafée en noir et blanc, racontait sous une forme réaliste et détaillée, l'histoire d'un jeune garçon, Bafio, qui assistait aux différentes étapes de préparatif de la semaine culturelle de Bossangoa.

Guy Eli Maye, figure émergente de la Bd locale, participera au projet BBKB en 1990, (Bangui - Bordeaux - Kinshasa – Brazzaville), bateau itinérant avec à son bord des ateliers de théâtre, de peinture et de BD. L'atelier BD était composé également du malgache Jano et des congolais Baruti et Kisito...

Puis ce fut un peu le vide jusqu'en 1998, où la Bd centrafricaine connut un second souffle avec une invitation à participer au 1er salon africain de la Bd de Libreville pour le scénariste de Balao et Bayho, Clotaire M'Bao Ben Seba ainsi que pour Didier Kassaï, à l'époque caricaturiste au journal Le perroquet[9].

Puis, à partir de l'année 2000, sortiront de nouvelles Bd en couleurs ou en noir et blanc, toujours à vocation éducative sur des thèmes très variés : la sensibilisation à la protection de l'environnement avec l'album Eco - pionniers de Mbomou[10], la sensibilisation au virus du SIDA avec la revue trimestrielle Wandara[11] (qui a démarré en 2003) ou l'album SIDA, un danger imminent[12], la sensibilisation pour la protection du parc national de N'délé avec Kossi et Mbala au PDRN[13], le désarmement des ex-combattants avec Une nouvelle vie[14] tirée à 10 000 exemplaires, la vulgarisation de la science dans la bande dessinée Les scientifiques au service de la population, dessinée par Jean Noël Ndiba.

Par la suite, le projet bilatéral de coopération éducative franco – centrafricain EDUCA 2000 a piloté en 2005 la réalisation d'une bande dessinée Aventures en Centrafrique de Didier Kassaï et Olivier Bombasaro (Responsable de la partie Ecoles primaires du dit projet), qui sert de support pédagogique à l'apprentissage de la langue française dans les écoles centrafricaines.

En parallèle, le projet finance la réalisation par les mêmes auteurs de 10 albums pour enfants relatant les aventures de Gipépé le pygmée. Huit étaient déjà sortis en 2006.

Puis, en 2003, un collectif de bédéistes de Bangui lançait le magazine bimestriel de bande dessinée Sanza BD, qui tirait à 500 exemplaires et sortit 7 numéros de 2003 à 2005 avant de disparaître du fait des difficultés des auteurs à se mobiliser[15].

Enfin, 2006 sera l'année de la consécration pour la BD centrafricaine, à travers Didier Kassaï, doublement récompensé par le 1er prix du concours « Vue d'Afrique » organisé dans le cadre du festival d'Angoulême ainsi que par le prix Africa comics de l'Association Africa é méditerranéo.

Le bilan peut sembler somme toute satisfaisant pour un pays qui n'existe pas pour la plupart des spécialistes mondiaux de la bande dessinée.

Malheureusement, la réalité est plus contrastée, la situation de la bande dessinée en Centrafrique constitue également un condensé des difficultés qu'éprouve le 9ème art sur l'ensemble du continent.

L'enclavement des bédéistes centrafricains est patent. En dehors de leurs frontières, seul Didier Kassaï a connu un certain succès avec les deux prix déjà mentionnés, mais également avec plusieurs participations à quelques productions internationales. En 2000, il participe au projet collectif français A l'ombre du baobab, qui donnera lieu à une exposition au Festival International d'Angoulême en 2001[16]. Par la suite, il collaborera aux ouvrages collectifs italiens, Africa comics 2003 et camerounais, Shegue.

En 2006, le premier titre de la série Gipépé le pygmée a été réédité en Cote d'Ivoire par les classiques ivoiriens suivi d'un album Les exclus, scénarisé par Clotaire Ben Seba qui a été édité par la maison d'édition canadienne TNT.

En dehors, de son cas, aucun autre bédéiste de RCA ne s'est manifesté à l'étranger[17], leur action et leur travail reste totalement méconnu[18], alors que plusieurs africains comme le gabonais Pahé[19], les congolais Masioni[20] et Paluku[21] commencent à se faire éditer en Europe.

Manque d'ambition, de talent ou d'information ? Les raisons sont diverses, toujours est-il que, vu l'étroitesse du marché local sur laquelle nous allons revenir, cet état de fait nuit évidemment au développement d'une discipline où pénétrer le marché franco-belge constitue une nécessité et une référence.

Pourtant, des contacts avec des bédéistes européens ont existé, en particulier à l'occasion de stages pris en charge par la coopération française.

Dans les années 80, un atelier Bd fut organisé au CCF de Bangui avec Philippe Robert. Celui-ci rééditera l'expérience en 2003 avec un atelier intitulé Les grands quelqu'uns. Les planches ont été exposées à l'Alliance française mais la parution de l'album qui devait suivre n'a pas eu lieu.

En 2001, un atelier avec Beb-Deum et une exposition « Ils rêvent l'Afrique, ils rêvent le monde » furent organisés. Cet atelier déboucha sur quelque chose de concret : un superbe ouvrage individuel du... formateur[22] !!!

En 2004, afin de soutenir la sortie de Sanza BD, un stage fut organisé avec Christian Peultier (Mirabelle chez Glénat) mais cet atelier s'est transformé en atelier de dessin de presse du fait d'un manque de temps.

Le marché de la Bd n'existe pas non plus en RCA. La raison principale est le prix des Bandes dessinées. Celles-ci coûtent entre 500 et 8000 Fcfa, ce qui est excessif au vu du pouvoir d'achat des centrafricains.

La majeure partie des BD éditées au cours des années écoulées l'a été grâce à des financements extérieurs. En dehors de l'action et des subventions de la Coopération française et du Centre Culturel français de Bangui, plusieurs autres organismes utilisent la bande dessinée comme supports pédagogiques : le PNUD (Wandara BD et Nouvelle vie), le Fonds canadien d'Initiative locale (Eco-pionnier de Mbomou), l'Union européenne (Kossi et Mbala parle PDRN), le FNUAP (Sida, danger imminent), etc. Les auteurs de Bande dessinée, logiquement soumis aux désidératas des bailleurs de fonds, obligés de travailler dans l'urgence, peinent à trouver leur style. Et celle-ci n'est vue que comme un simple média d'accès aux populations locales, pas comme un art à part entière.

Toujours donnée, rarement vendue (y compris Balao et Tatara), la bande dessinée centrafricaine est totalement sous perfusion et ne constitue en aucune façon une industrie culturelle[23].

De fait, aucun bédéiste ne vit de son travail et peu ont une activité liée à leur passion. Bassa Mardoché est fonctionnaire d'Etat, Jean Noël Ndiba travaille pour une société biblique, Bondravodé est devenu prêtre catholique, Serge Mbaïkassi est pasteur au Bénin, Frédéric Kassaï est contrôleur de péage. D'autres sont sérigraphes, peintres, caricaturistes...

L'une des solutions tiendrait au recours à la presse locale qui permettrait à la bande dessinée d'avoir une première vie et d'installer dans l'imaginaire collectif des séries et des personnages. A charge pour des éditeurs privés, les grands absents de ce milieu, d'en profiter par la suite en éditant des produits adaptés aux bourses des citoyens locaux et moins copiés sur l'Europe.

Car, peu chère à produire et rapide à réaliser, la bande dessinée semble un média de communication et de loisir formaté pour des pays comme la Centrafrique. Réussir ce pari serait un excellent signe envoyé à l'ensemble de l'opinion publique pour qui ce pays est trop souvent synonyme d'instabilité et de coups d'Etat.



Christophe CASSIAU-HAURIE

Rose Hill

Île Maurice

Avec l'amicale et très active collaboration de Didier Kassaï.



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[1] Ce qui signifie Miroir en sango, langue nationale de la RCA.

[2] Le gourmand ou mangetout en sango.

[3] Tatara : un miroir. Olivier Bakouta-Batakpa in Vivant univers, N°367, Bande dessinée et tiers monde. Janvier-février 1987. pp. 34-35.

[4] Le sous titre de la revue était évocateur : Le journal de la lutte contre les mauvaises mœurs de la société.

[5] A une époque, où 50 Fcfa valait 1 FF.

[6] Certains thèmes traités dans Tatara relevaient en effet carrément de la politique : La fille du ciné bar (N°5), par exemple, est un hommage à un jeune lycéen et à sa mère, assassinés par les forces de l'ordre centrafricaines, à la fin du règne de Bokassa. Philippe Robert revient plus longuement sur l'histoire de Tatara dans l'article : La bande dessinée, Notre librairie, N°97, pp. 107-108.

[7] Edition diffusion des manuels didactiques, qui est une maison d'édition et une imprimerie imprimant et diffusant des manuels scolaires pour le Ministère de l'Education Nationale.

[8] Mort électrocuté en juin 2005 par un câble de haute tension tombé sur sa maison.

[9] A l'époque, Didier Kassaï avait déjà dessiné avec son frère Frédéric, L'histoire de William Haas, album qui devait être publié aux Etats Unis par la mission baptiste et qui restera inédit.

[10] Scénario et dessins de Jean Noël Ndiba..

[11] Scénario et dessins de Jean Noël Ndiba, Jean Noël Mokope et Didier Kassaï..

[12] Scénario et dessins de Régis Noé.

[13] Scénario et dessins de Guy Eli Maye.

[14] Scénario et dessins de Olivier Bombasaro et Didier Kassaï

[15] Les membres de ce collectif était Guy Eli Maye, Ernest Weangaï, Régis Noé, Mardoché Mbassa, Wilfried Sanze, Didier Kassaï, Joel Assana, Gabin Picassa Vobodé, Josias Bondravodé, Socrate Bangala et Béatrice Mossongo.

[16] Sa participation concernait l'exposition mais non l'album qui l'avait précédé.

[17] Pour l'anecdote, Algesiras, de son vrai nom Anne Laure Garcia, auteur entre autres de Candélabres, est né et a vécu les 10 premières années de sa vie à Bangui, mais elle est européenne !

[18] Par exemple, en dehors de Didier Kassaï (qui signe D'Kass), aucun bédéiste centrafricain n'est présent dans les différents albums de Africa éméditerranéo : matite africana, africa comics 2002, africa comics 2003 qui font pourtant un état des lieux complet de la bande dessinée africaine.

[19] La vie de Pahé, T.1 Bitam de Pahé, Ed. Paquet, 2006.

[20] Rwanda 1994 de Masioni, Grenier et Ralph, Albin Michel, 2005.

[21] Missy de Hallain Paluku, Svart et Benoit Rivière, La boîte à bulles, 2006. Coup de cœur de la Fnac en novembre 2006.

[22] PK-12 voyages en Centrafrique, Beb-Deum, Ed. du Rouergue, 2003.

[23] Pour un complément d'information sur cet épineux problème qui touche l'ensemble des pays d'Afrique, voir l'article de Sébastien Langevin sur ce sujet : Il faut que l'Afrique construise son marché, Africultures, février
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Posté le mercredi 23 mai 2007 15:37
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27 mai 2006 6 27 /05 /mai /2006 13:22

Le Colonisateur avait bien planifié une liaison férée entre la RCA et le Tchad 

 

 

 

Merci Jean Pierre pour ce document que je n'ai pu sortir des archives du pays colonisateur car considéré confidentiel....pourras tu joindre l'étude de faisabilité chiffré qui se trouve à la fin du même document?

selon l'extrait du livre Perspectives d'Outre-Mer; transcrit par Jean-Pierre MARA

 

 

 

Selon les informations publiées dans ce livre, il y auraient eu deux gares terminus dont un à Bangui et l'autre à Fort-Lamy, une gare principale à Doba et six gares centres à Bossembélé, Bossangoa,, Markounda, Laï, Bousso_Berbéré, et Guelendeng. En plus de ces gares, il était prévu la construction de gares d'évitement, situés tous les 50 ou 60 KM et non gardées pour assurer le croisement des trains ainsi que la constrcution de logements pour les brigades d'entretien.
40 ans après les Indépendances, les enfants Tchadiens et Centrafricains n'ont toujours pas vu de train dans leur v
ie.

 

 



Perspectives d'Outre-Mer est un livre inidit retrouvé dans les poubelles de l'ambassade de RCA à Paris par POUNOUMALE Ambroise en 2005

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 14:50

2010 ANNEE DU CHANGEMENT

QUI A DIT QUE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE  EST CONDAMNEE A MANGE SON PAIN NOIR?

j e pense guère que les jeunes et dynamiques compatriotes sur le terrain à Bangui ainsi que  toute la diaspora ne puissent accepter cette assertion...

Il est vrai que nos dirigeants  successifs ont  tous péché chacun à sa manière,ces derniers ont plongé le pays dans un marasme social et économique sans précédent..

Un  pays démocratique est un pays dont les institutions républicaines jouent un rôle important et que la démocratie participative permet au peuple de prendre part à la gestion de la chose publique.

La république centrafricaine est loin du compte, les partis politiques crées à la va vite sur des bases ethnicistes, régionalistes, n'ont pour objectif que le partage du gâteau final.

La perplexité comportementale et l'esprit mangeoiriste des ministres quelque soit leur références universitaires ajouter à la cela le perpétuel "CPE" contrat premiere Embauche des minsitres qui débarquent sans un véritable projet de développement du ministère occupé.

la rédaction

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 13:56

              

C    E      N      T      R     A     F     R      I     Q      U       E           2 0 1 0

 

 drapeau Republique Centre Africain

                                             

                DEMAIN  C'EST  DEJA  AUJOURD'HUI

 

                    C  H  A  Q  U  E    H  O  M  M  E    E  S  T     F  I  L  S     D E     S ON       T E M PS
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