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18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 13:11
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18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 12:59
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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 23:38
ENTRETIEN AVEC LE PR MAMADOU DIOUF DE COLUMBIA UNIVERSITY: « Pourquoi Sarkozy se donne-t-il le droit de nous tancer et de juger nos pratiques… »
(Sud Quotidien 17/08/2007)


Devons-nous réellement prêter attention à son discours ou devons- nous faire en sorte qu’il ne puisse plus prendre avec une telle arrogance et un tel mépris - un mépris fait de tant d’ignorance - cette liberté que s’octroie le maître vis-à-vis de l’esclave : lui dire son fait, le définir, lui attribuer une essence qui affiche son comportement, sa moralité douteuse, sa sexualité débridée tout en se rendant disponible pour le corriger et le punir parce qu’il le connaît mieux que tout le monde. Telle est la position de Mamadou Diouf, l’invité personnel du Président Chirac lors du dernier Sommet France – Afrique. Il balaie au passage le recours sélectif de la philosophie de Senghor par Nicolas Sarkozy. Pour l’historien sénégalais une protestation des Sénégalais et du Gouvernement étaient et sont toujours d’actualité.

M. Diouf, nous savons que vous êtes en plein déménagement pour Columbia. Permettez-nous cependant de vous demander votre lecture du discours de Sarkozy à Dakar ?

Je ne crois pas que le combat à mener est de récuser l’approche de Sarkozy, ni même sa vision de l’Afrique. La question que nous devons nous poser est de savoir pourquoi se donne-t-il le droit de nous tancer et de juger nos pratiques d’une part et d’autre part pourquoi sommes - nous obligés de répondre, de nous indigner. Pourquoi son discours fait-il mouche nous obligeant à sortir la grande et la petite artillerie pour lui dire qu’il s’est planté et trompé d’époque. Devons-nous réellement prêter attention à son discours ou devons- nous faire en sorte qu’il ne puisse plus prendre avec une telle arrogance et un tel mépris - un mépris fait de tant d’ignorance - cette liberté que s’octroie le maître vis-à-vis de l’esclave : lui dire son fait, le définir, lui attribuer une essence qui affiche son comportement, sa moralité douteuse, sa sexualité débridée tout en se rendant disponible pour le corriger et le punir parce qu’il le connait mieux que tout le monde.

Sarkozy cite à volonté Senghor pour étayer et valider par un Noir ce que Hegel a appelé la « mentalité prélogique » et l’enfance éternelle des Africains. Senghor pensait – il vraiment que les Noirs n’avaient pas de raison ?

Si les combats menés par des générations d’intellectuels noirs, africains, africain-américains, caribéens, et parmi eux, Firmin Anténor, De L’Egalité des Races Humaines (1885), Martin Delaney, Alan Locke, W. E. B. Dubois, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, depuis au moins la fin du 18ème siècle ont si peu porté leurs fruits qu’il faille les engager une nouvelle fois, il devient indispensable de relire autrement le discours du président français afin de proposer la riposte appropriée.

Appréciant les politiques d’assimilation et d’association successivement mises à l’épreuve par l’Empire français – le cadre des bienfaits de la colonisation française - Senghor n’hésite pas à convoquer des « techniciens de l’empire » et théoriciens de l’association » tels que Lyautey, Delavignette, Bugeaud, Faidherbe, même Napoléon III pour affirmer avec force qu’il importe de souligner les différences de la commune humanité de tous les hommes. « Mais les différences, écrit-il, ne sont-elles pas dans le rapport des éléments plus dans leur nature ? Sous les différences n’y a t-il pas des similitudes plus essentielles. Mais surtout la raison n’est-elle pas identique chez tous les hommes ? Je ne crois pas à la « mentalité prélogique ». L’esprit ne peut être prélogique, encore moins alogique » (Vues sur l’Afrique Noires ou Assimiler et non Etre Assimiles, Liberté 1. Négritude et Humanisme).

Ce texte a été publié pour la première fois il y a 62 ans, l’année qui marque la fin de la Seconde guerre mondiale et republié en 1964, quatre années après l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Il envoyait déjà un violent coup de pied à la pédagogie tirée de la bibliothèque politique coloniale. Celle-là même que répète, sans sourciller et l’air décidé le nouveau prophète de la rupture.

Que signifie réellement le discours de Nicolas Sarkozy ?

Au delà de sa signification – un jugement à la fois banal et erroné sur l’âme africaine – il signe tout à la fois notre dépendance et le poids insignifiant que nous pesons sur la scène du monde. Sarkozy ne nous expulse pas de seulement l’histoire, nous renvoyant à l’obscurité dans laquelle le Siècle des Lumières, Hegel et tant d’autres anciens et modernes nous arrimaient avec force et condescendance – la pâte à modeler pour la mission civilisatrice - mais il nous refuse d’entrer dans le temps du monde. Il exige de nous un abandon total pour mériter de la générosité de la mère métropole. Enfants en perdition, hagards et affamés sur les chemins du monde, trouble-fêtes vaincus par la maladie, la misère, les guerres et haines tribales cuites et recuites, pris aux pièges d’une nature tropicale moite et torride, propice à une sexualité sauvage qui multiplie une humanité grouillante, irresponsable. Une humanité prompte à tendre la main, à avaler les rebuffades, à courber l’échine jusqu’aux courbatures, affichant au nez des nantis toute la misère du monde, les empêchant de jouir du fruit du dur labeur qui établit dans le même mouvement leur humanité et notre enfermement dans le cycle primitif de la nature, refusant obstinément de suivre les leçons administrées autant par la violence, les offres de pacotilles, l’éducation, la religion, l’armée, le commerce et l’agriculture. Souriants, heureux, insouciants, pareils à la cigale de la fable, nous attendons notre pitance de la fourmi, prenant le risque de la piqûre venimeuse et fatale. Cette fois-ci, elle a pris la forme d’un discours.

L’indignation suscitée est-elle à la hauteur de l’offense ?

Devons-nous accorder autant d’intérêt à ce retour du refoulé occidental – français en particulier – face à la multiplication des cultures du monde et l’établissement d’un universalisme sorti de la gangue de la civilisation occidentale. Un universalisme de la rencontre, de l’hybridité, de la symbiose et du métissage (Senghor), du rendez-vous du donner et du recevoir (Césaire) ? Ou bien devons - nous procéder à une introspection qui exige un recentrage sur nous-mêmes et notre présence dans le monde ? Une présence africaine qui force le respect tout en nous assurant un regard critique sur nous-mêmes et sur le monde. Forcer le respect c’est d’abord se respecter soi-même et compter sur ses propres forces pour reprendre une vieille formule devenue étrangère à nos anciens maoïstes qui se couvrent de poussière pour se faire pardonner par le prince leur crime de lèse-majesté.

Ne pensez – vous pas que les Sénégalais ont été trop passifs ?

Vider le calice de nos hontes, prendre des coups sans broncher sont devenus le lot quotidien d’un peuple qui s’est longtemps cru élu et qui se trouve aujourd’hui relégué au plus bas de l’échelle de l’histoire. Les Sénégalais doivent aujourd’hui trancher la question suivante : s’il est inconcevable d’imaginer le président français prononcer un tel discours dans les capitales des anciennes colonies britanniques, ou même à Abidjan, qu’est-ce qui fait de Dakar le lieu indiqué pour un tel crime ? A-t-on quitté la salle pour protester ? Un pareil geste, bruyant et indiscipliné, devant le criminel et ses acolytes aurait eu de la gueule et des effets plus que les exégèses à posteriori. Le gouvernement sénégalais a-t-il protesté ou exigé des excuses parce que Dakar a été le lieu où le crime contre l’humanité africaine a été perpétré ? Une société malade dans ses élites s’est fait administrée une volée de bois vert et semble en redemander. Un peuple qui se contente des miettes d’un festin imaginaire applaudit à tout rompre au spectacle de la chicotte manipulée avec dextérité par le bourreau aimé et révéré.

Les Africains ne doivent-ils pas oublier la France. En tout cas celle de Sarkozy ?

Il est temps pour les Africains d’oublier l’Europe pour s’offrir le monde. Il est temps d’échapper aux logiques réactives pour se perdre dans les dédales dans un monde qui se réinvente sous nos yeux et avec notre contribution. Il est plus que temps de nous aimer pour devenir une communauté libre et démocratique, prête à tous les sacrifices. Le respect ne se gagne pas par la parole mais les actes. Il est temps de suivre avec confidence et bonheur la leçon de Toni Morrison déclarant : je n’écris pas pour expliquer le monde des noirs aux blancs, j’écris d’abord pour ma communauté. Il est plus que temps d’entretenir une conversation indigène pour les indigènes en se souciant de la seule reconnaissance qui vaille, celle de notre communauté d’abord et des hommes et femmes épris de paix et de justice. N’est-il pas venu le temps de suivre la voie tracée par Franz Fanon dont Sartre disait, dans la préface aux Damnés de la Terre qu’il se souciait de parler de l’Occident et des Occidentaux, sans s’adresser à eux. Fanon s’adressait à ses frères et sœurs de combat. Réapprendre la parole libre, enjouée et forte et si aérienne d’Aimé Césaire, de Franz Fanon et de Toni Morrison pour vivre libre.

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE ( ONU – GENEVE)

 

 

© Copyright Sud Quotidien

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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 23:33
Ces fils de présidents qui s'apprêtent à diriger
(Camer.be 17/08/2007)


L'exemple togolais, pays où Gnassingbé Eyadéma, après trente-huit ans de règne, a passé la main à son fils Faure pourrait en inspirer bien d'autres. Beaucoup d'observateurs soupçonnent des chefs d'Etats africains de vouloir emprunter cette voie.

Il se dit ainsi que le président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis vingt-six ans, prépare son fils Gamal à lui succéder. En Libye, Mouammar Kadhafi, en poste depuis trente-huit ans, prend des dispositions pour que son fils lui succède.

On prête les mêmes intentions à Abdoulaye Wade, qui verrait bien son fils Karim diriger le Sénégal après lui. Parfois les choses ne se passent pas toujours comme on l'avait prévu. Au Tchad, l'assassinat du fils d'Idriss Déby entraîne une redistribution des cartes.

Au Togo, Gnassingbé Eyadéma a préparé, par petites touches successives, son fils Faure Gnassingbé à prendre les rênes du pays. Si bien que, le 5 février 2005, après le décès d'Eyadéma père, le fils a aussitôt été désigné président par l'armée. Ce choix controversé a été avalisé par la majorité des députés togolais grâce à une révision express de la Constitution.

Aujourd'hui, le successeur de Gnassingbé Eyadéma a réussi à se donner un vernis de légitimité après une élection en avril 2005, avec 60 % des suffrages exprimés.

Celui qui a hérité du pouvoir à Lomé [capitale du Togo] est le seul enfant du général Eyadéma a être entré en politique, à l'instigation de son père qui refusait que ses autres enfants descendent dans l'arène publique. Faure, avant de devenir président, exerçait les fonctions de ministre des Mines, de l'Equipement et des Télécommunications. Il était surtout le conseiller financier de son père pour les phosphates, la téléphonie et la prospection pétrolière. Il suivait les intérêts de la famille au sein de plusieurs entreprises "privatisées" installées dans la zone franche de Lomé (dirigée par son frère Kpatcha Gnassingbé).

En Libye, Seif Al-Islam semble bien placé pour succéder à son père. Propulsé sur la scène internationale par son rôle, entre autres, dans l'indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie et du DC 10 d'UTA et, aujourd'hui, la libération des infirmières bulgares, ce célibataire de 32 ans aux allures de play-boy serait en piste pour la course au pouvoir.

L'architecte et peintre Seif Al-Islam, pour succéder à son père, dispose d'une machine de guerre : la Fondation Kadhafi. A la tête de cette organisation non gouvernementale, il est en fait le ministre officieux des Affaires étrangères libyennes.

Avant sa mort, Brahim Déby (assassiné le 2 juillet 2007 à Courbevoie, en France), fils du président tchadien Idriss Déby, avait occupé différentes fonctions au sein du pouvoir tchadien. Son père le destinait à sa succession. Diplômé en management d'une université de Montréal, au Canada, il avait été nommé secrétaire particulier du chef de l'Etat. Brahim était même surnommé "le petit président".

Mais, à N'Djamena [capitale du Tchad], il avait la réputation d'être un homme violent et imprévisible, capable de gifler des ministres en public.

Au Sénégal, le président Abdoulaye Wade souhaiterait voir son fils reprendre sa place. Il en aurait fait la confidence au président français Nicolas Sarkozy. Expliquant au successeur de Jacques Chirac le bien-fondé de son choix, le chef de l'Etat sénégalais confie que c'est sur la suggestion d'un de ses amis français qu'il a décidé de mettre son fils à l'épreuve.

En Egypte, Gamal Moubarak se prépare. Il est déjà à la tête de la commission politique du parti de la majorité (en septembre il devrait, sauf imprévu, être promu secrétaire général du parti par le Raïs depuis son lit dans un hôpital allemand). Gamal Moubarak a réussi à placer un nombre important de ses hommes à la tête de ministères de souveraineté dans le nouveau gouvernement.

Avec ces exemples sur le continent africain, qui ne sont pas exhaustifs, on voit aisément où mène une longévité exceptionnelle au pouvoir. Au fil du temps, bien des gens finissent par penser qu'il est inscrit dans leurs gènes de diriger les autres. Cela pourrait donner des idées à certains.


© sarkozy-afrique : Bakayoko Youssouf
Reactions
zo
L'Afrique dernier continent sur le plan economique mondial,et premier continent en longitivite des presidents au pouvoir,Il n;ya jamais eu a ma conaissance de chef d'etat a un mandat sans coup d'etat en Afrique laisser le pouvoir ou magouille -mafio politique.C'est soit disant nos parlementaires en general qui ne meritent pas leur place car le parlement et le pouvoir judiciaire d'1 pays doivent avoir des gens qui reflechissent pour le peuple et non pour s;en servir de ce peuple.Mettez ds les assemlees nationales les gens capables de contrecare le president et un systeme de justice fiable.Bien sur le noeud du probleme c'est qu'on ne se laisse pas exploiter par les pays occidentaux ou nos freres se laissent exploiter.J'ai fait une semaine au cameroun le mois passe,il fallait sugerer une proposition a un DG,j'ai rempli l'audiance etant arrive tot apres moi un indien a aussi rempli l'audiance le vigile a laisse entre l;indien devant moi je me suis revolte,l'indien me replique:LA PRIORITE AUX BLANCS COMME NOUS ET FRANCAIS,meme les indiens au Cameroun sont consideres comme les blancs ,ailleurs on recoit d'abord les nationaux,et il n;ya aucun secret contre les etrangers en Afrique,Bien sur les aficains comme M'BOLLO OUBLIENT LEUR HISTOIRE


© Camer.be 2005-2007

 

 

© Copyright Camer.be

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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 22:30
Démocratie en panne cherche nouveau souffle
(Camer.be 17/08/2007)


Comme l’avait dit un chef d’Etat, en Afrique, on n’organise pas une élection pour la perdre. Il a eu raison, il a raison. Les processus démocratiques en cours dans la quasi-totalité des Etats en Afrique offrent malheureusement de tristes exemples.

Ce qui était arrivé, une décennie, auparavant au Congo Brazzaville et au Bénin où les présidents Denis Sassou Nguesso et Mathieu Kérékou ont été battus lors de la présidentielle qu’ils ont organisée, est à considérer comme des accidents de l’Histoire. Les élections législatives et présidentielles organisées dans les différents Etats au cours de ces dernières années ont débouché sur la formation de parlements dominés par les partis présidentiels, ces partis majoritaires qui "soutiennent la politique des présidents en place."

Les cas les plus récents sont ceux du Congo Brazzaville et du Cameroun. Lors des législatives du 6 mai dernier, le parti du président Blaise Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) avait réalisé la même performance. Dès lors, les résultats des consultations électorales sont sans enjeu, parce que connus d’avance. Peut-être c’est par là qu’il faudrait commencer à chercher les raisons du peu d’intérêt de plus en plus grand des populations pour les scrutins où l’on enregistre après chaque élection des taux de participation étriqués, si minimes qu’ils permettent de douter de la légitimité des lauréats de ces scrutins.

L’idée qu’on a des démocraties africaines, c’est qu’elles constituent des marchés de dupes, essentiellement destinées à la consommation externe. En amont, les élections qui ont permis de les asseoir ont été elles aussi un grand marché où les projets les plus en vue sont les achats de conscience, la corruption, la falsification des résultats au profit du parti majoritaire, etc. La gestion de la chose publique qui en résultera se caractérise également par la corruption, la gabegie, et toutes sortes de pratiques et de comportements antidémocratiques et antirépublicains.

Dans un tel contexte, la démocratie africaine est confisquée. Par la suite, elle tombe en panne. Pour le reste, l’opposition est vouée aux gémonies et clochardisée, la presse bâillonnée, muselée. Les atteintes aux droits de l’homme deviennent légion, parce que les auteurs sont assurés de l’impunité garantie par une justice aux poings liés. Le pouvoir est omnipotent, omniprésent et omniscient. Il est intouchable, et tant qu’il le voudra, le parti au pouvoir le sera, ayant sophistiqué et légalisé toutes les méthodes de fraude, de vols des voix. L’usure du pouvoir est quelque chose que l’on ignore sous les Tropiques où c’est l’ère des présidences à vie.

L’espoir qui était né au lendemain du discours du président français François Mitterrand à La Baule en 1990 se meurt chaque jour davantage à cause des féroces agressions des dictateurs qui ont tôt fait de mettre leurs pays et leurs économies sous coupe réglée.

Les institutions internationales et certaines ONG, champions inquisiteurs en matière de démocratie, n’ont plus d’yeux ni d’oreilles, déjà très contents de maintenir ces pays dans les limites de la survie économique pour qu’ils puissent payer l’argent qu’ils leur doivent au titre de la dette. Une dette qui a parfois moins servi au financement du développement que pour asseoir des dictatures. Ces institutions, cyniquement, semblent les encourager dans leur entreprise funeste.

Quelle place une opposition peut-elle occuper face à un tel pouvoir dominant et accapareur ? Quel jeu peut-elle jouer et devra-t-elle jouer ? Disons-le tout de suite : une opposition crédible et respectée est à la démocratie ce qu’est la sève à l’arbre. Un parti majoritaire n’a de sens que si à côté de lui, il y a une opposition significative. Un parti majoritaire n’a pas de signification avec une opposition résignée. En l’absence de celle-ci, on a affaire à une dictature, propre au parti unique.

La démocratie supposant dialogue et négociation, il faut au minimum être à deux pour le faire. Dans le cas d’un parti outrancièrement majoritaire, ce dernier ne peut avoir que l’écho de sa propre voix. Pour rire, il faut qu’il se chatouille. L’absence d’une opposition, et l’impossibilité pour le parti majoritaire de satisfaire tous ses militants, engendrent infailliblement frustrations et complots. Dans ses tentatives de les évacuer, le parti majoritaire africain est contraint de procéder à une recomposition du paysage politique. C’est du moins ce qu’il dit. Mais il arrive que le contrôle de ces forces centrifuges lui échappe et c’est l’explosion, née de l’implosion.

Les rébellions qui naissent partout dans le monde ont pour principale raison la volonté de briser l’accaparement du pouvoir par une majorité ou par une minorité. Nombre de pays ont connu ces soubresauts qui ont emporté les partis uniques. Les grands mouvements de contestation et de revendication ont dans la plupart des cas, créé le multipartisme qui a coïncidé avec l’époque d’après le discours de La Baule. Cette période est sur le point d’être balayée par les dictatures et les présidences à vie. La démocratie dans la presque totalité des Etats africains se trouve présentement en panne. Elle a besoin d’un nouveau souffle, mais d’où viendra ce souffle ?

© lefaso.net : ’Le Fou"

 

 

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16 août 2007 4 16 /08 /août /2007 10:14

Cinq coupeurs de routes tués par les forces de l’ordre au Nord-Ouest de la Centrafrique (APA)

 

  APA Bangui 15-08-2007 (Centrafrique) Les éléments des Forces armées centrafricaines (FACA) ont abattu mercredi matin cinq coupeurs de routes, localement appelés "Zaraguinas", à la suite d’un échange de tirs dans le village de Batara, dans la commune de Bossemptélé, à 375 km au Nord-Ouest de Bangui a appris APA .

Selon un responsable de la radio rurale de Bossemptélé, les éléments du détachement militaire positionné dans la région ont été alertés par un un véhicule qui a réussi a échapper aux coupeurs de routes positionnés dans le village Batara.


"Nous avons essuyé des tirs des zaraguinas dès notre arrivée dans le village et c’est en ce moment que nous avons répliqué",
a expliqué à la radio rurale, l’officier des FACA qui a dirigé l’opération.


"Après des échanges de tirs d’armes qui ont duré environ 2heures, l’ennemi a été mis en déroute et cinq parmi les bandits sont tombés sous nos balles",
a-t-il dit, ajoutant que les coupeurs de routes, une dizaine, étaient bien équipés et étaient armés de kalachnikovs.
Les bandes armées sévissent dans les régions Nord, Nord-Ouest et surtout à l’Ouest de la Centrafrique.

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16 août 2007 4 16 /08 /août /2007 09:48

L’Etat centrafricain est-il condamné au remplissage du tonneau des Danaïdes ?

 

 

  La situation financière de l’état centrafricain est si désastreuse que les autorités de Bangui sont littéralement prises à la gorge. D’où l’idée qui leur était venue dans la tête de lancer un emprunt obligataire, idée qu’elles ont dû immédiatement avaler pour plusieurs raisons dont surtout celle d’être incompatible avec le programme souscrit avec les institutions de Bretton Woods, lequelles leur ont fait clairement et fermement savoir leur opposition. Bangui cherche donc un peu partout mais vainement de l’argent frais à injecter dans la machine.

C’est ainsi que Bozizé a décidé depuis lors de présider personnellement les comités de trésorerie et de jouer lui-même l’ordonnateur de dépenses de l’état mais tout cela n’est pas suffisant. Il s’est récemment rendu en Guinée équatoriale où selon nos sources, il aurait sollicité un prêt de 10 milliards de f CFA au président du nouvel eldorado pétrolier de l’Afrique centrale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Toujours d’après nos sources d’information, le tout fringant ministre des finances et du budget, sieur Sylvain Ndoutingaï serait encore présentement à Malabo pour tenter d’obtenir ce pactole et le ramener à Bangui.


Pourtant aussi paradoxal que cela puisse être, une forte délégation de financiers du FMI, de la Banque mondiale et de la BAD est actuellement sur le terrain à Bangui afin de procéder à une énième revue de la situation économique du pays. Toujours l’éternel problème du niveau déplorable des recettes et des considérables dépenses de l’état. La question du code minier et de la gestion de ce département ainsi que le fonctionnement du secteur des douanes est aussi au programme de cette mission des bailleurs de fonds.


Les autorités de Bangui se plaignent très souvent de n’être pas aidées par la communauté internationale malgré les efforts qu’elles ne cessent de déployer. Or depuis le coup d’état du 15 mars 2003 jusqu’aujourd’hui, certains experts se sont amusés à chiffrer le montant total des subventions, dons, annulation de dettes et autres aides budgétaires directes que le régime de Bozizé a reçus, tant des partenaires bilatéraux que multilatéraux. Ils s’élèvent à environ 160 milliards de F CFA ! Excusez du peu ! C’est un véritable record. Aucun régime n’a été autant aidé par la communauté internationale que celui de Bozizé mais celui-ci continue de se lamenter. Une question vient immédiatement à l’esprit. Qu’a-t-on fait de cette manne financière sinon où se trouve-t-elle ?


Malgré cela, l’état centrafricain doit rembourser à la BEAC deux fois 12 milliards de F CFA soit 24 milliards de F CFA en tout au taux d’intérêt de 8% au titre de prêts exceptionnellement consentis à deux reprises par les chefs d’état des pays membres de la CEMAC pour aider la RCA à s’en sortir. Pas un kopeck n’a été jusqu’à présent remboursé à la BEAC en dépit du moratoire sollicité et obtenu par l’état centrafricain.


Aux trois banques de la place à Bangui, le trésor centrafricain doit environ 18 milliards de F CFA à un taux d’intérêt de 15% sans compter une autre dette de 5 milliards de F CFA contractée auprès de la CBCA par le Premier ministre Elie Doté, lequel n’a d’ailleurs toujours pas signé à ce jour, la convention de prêt avec ladite banque. Sans les intérêts de ces dettes, nous voilà allègrement déjà à 47 milliards de F CFA. Si jamais la Guinée équatoriale consent à accorder encore le prêt de 10 milliards de F CFA sollicité par Bozizé, cela nous portera à 57 milliards de F CFA.

Où va-t-on ? Les tenants du pouvoir à Bangui ont-elles conscience du poids de cet endettement qu’ils sont en train de faire porter aux futures générations appelées à prendre la relève ? Il est malheureusement permis d’en douter.  

CENTRAFRIQUE PRESSE

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14 août 2007 2 14 /08 /août /2007 01:02

0-picture-1.gifCENTRAFRIQUE : A SAUTE MOUTON  OU LE YOYO DES AUTORITES POUR      UN DIALOGUE POLITIQUE 

lucé Raymond BOMONGO

 

En Afrique, on adore les séminaires, conférences, dialogues politiques ou nationaux qui s’entre chevêtrent et en fin de compte accouchent toujours d’une souris….

 

Face à une situation donnée, une incapacité notoire de nos dirigeants à analyser et anticiper les conflits, on pratique d’abord la politique de l’Autriche pour démontrer que l’on est intraitable, les faits, rien que les réalités du terrain poussent souvent nos hommes politiques dans un égocentrisme contigu.

 

Qui peut lever le bout du doigt et dénoncer la proposition faite par Bozizé dans l’optique d’un retour à la concorde nationale ? Personne….et personne aussi est dupe car on ne peut tromper un peuple tous les jours avec de semblants de dialogues financés à grands frais par les institutions internationales…

 

L’histoire est vraie car elle ne dit que la vérité, tous régimes confondus, preuves à l’appui ,tous sont qui ont été nommés pour présider les précédents dialogues étaient des proches parents de nos chefs d’état, il est à  noter aussi que le manque de sérieux des instances de la diaspora a permis à des aventuriers ou usurpateurs en vacances privées à Bangui  de s’autoproclamer représentants de la force vive de la diaspora ….depuis, nous demeurons  dans l’expectative sans fin des procès verbaux  ou tous autres documents pouvant nous livrer quelques détails.

 

Certes, la vigilance doit être de mise pour ne point replonger dans ces mêmes schémas théâtralisés dignes d’une démocratie à l’URSS.

Il faudra aussi noter le courage de Bozizé qui s’est obstiné dans un premier temps dans une logique guerrière moins payante et qui se voit aujourd’hui imposer par ses pairs le fameux dialogue national.

La problématique récurrente est celle de savoir  le but principal  et escompté et ce dialogue avec qui ? Etant donné que Abdoulaye Miskine vient de démissionner de son poste de conseiller à la présidence  et il existe toujours une très forte tension entre les diverses factions rebelles évoluant sur le territoire centrafricain.

Comment  faire pour ne pas que seuls les éléments de KWA na KWA ou de la majorité présidentielle puissent représenter la diaspora ?

Voilà les tâches qui nous incombent et sur lesquels nous allons  y travailler avec beaucoup de sérieux dans les jours à venir…

 

Lucé Raymond BOMONGO

Président de l’Observatoire Centrafricain de la bonne gouvernance

 contact :ocbg@free.fr

 

 

 

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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 22:03

Francis Laloupo*

 

 

 

coup  d’État  RÉUSSI  EN  Centrafrique 

 

 

Le 15 mars 2003, Ange-Félix Patassé a été renversé par un coup d’État, le sixième depuis son élection en 1993. Son tombeur, le général François Bozizé, s’est proclamé président de la République centrafricaine. Le chef de l’État déchu, après s’être réfugié au Cameroun, a choisi le Togo comme terre d’exil, où il songe à un projet de création d’un improbable « Mouvement de libération du Centrafrique ».

Le nouveau régime, qui jouit d’un soutien populaire manifeste et de l’adhésion de la quasi-totalité des forces politiques, a engagé le pays dans une période de  transition de deux ans, qui doit  déboucher sur des élections libres. Cette transition représente surtout un véritable pari de reconstruction d’un pays en situation de décomposition avancée, à l’économie sinistrée, au tissu social disloqué.

Il faut dire que la gestion singulière du pays par l’ancien pouvoir était la négation même d’un espace républicain. L’État se réduisait à l’espace privé du pouvoir, avec ses forces militaires, une comptabilité financière tournée essentiellement vers les besoins et priorités du régime, la caporalisation des institutions républicaines, devenues des chambres d’enregistrement des diktats de la présidence.

Au-delà de ce périmètre privatif, les Centrafricains se sont trouvés comme abandonnés dans une zone indéterminée, entre un souvenir d’État et un néant institutionnel. A telle enseigne que certains comparaient le président Ange-Félix Patassé à un chef de guerre avant tout préoccupé par la sauvegarde de son territoire, les armes pointées sur un peuple devenu son ennemi et condamné à subir ses humeurs et fantaisies.

L’espace laissé vacant entre la forteresse du pouvoir et le territoire indéfini auquel le peuple se trouvait ainsi livré devient dès lors le lieu où surgit une troisième « légitimité » : celle qui s’attribue la fonction de rassembler de nouveau les morceaux éclatés de l’État républicain. C’est dans cet espace que toutes les forces d’opposition se sont réunies pour soutenir ce qui a été désigné comme une « rébellion armée », dont le général François Bozizé a assuré le commandement et qui a abouti au coup d’État du 15 mars 2003.

Ce putsch est l’aboutissement logique, plusieurs fois différé, d’une profonde rupture, depuis longtemps consommée, entre le régime de Patassé – en proie à une dérive aussi dévastatrice que suicidaire - et l’immuable identité du pays réel. Ainsi, dès le lendemain du coup d’État, ses auteurs ont tenu à apporter une précision d’ordre sémantique à l’événement. Selon le nouveau chef de l’État et son premier ministre Abel Goumba, il ne s’agit pas d’un coup d’État, mais bien d’une « libération nationale ». Une précision relayée par quelques ténors de la classe politique civile, comme Jean-Paul Ngoupandé, philosophe écrivain et leader du Parti de l’unité nationale (PUN). Pour lui, « Ce qui s’est produit le 15 mars 2003 est l’aboutissement de l’opération armée contre le pouvoir qui a été lancée, dans un premier temps, le 25 octobre 2002. Et cette tentative se situait elle-même dans la droite ligne de celle qui avait eu lieu du 27 au 28 mai 2001, qui fut attribuée au général André Kolingba, et pour lequel François Bozizé sera ensuite accusé de complicité (...) D’un point de vue technique, un coup d’État n’emprunte pas un tel délai pour aboutir. En réalité, ce qu’on a désigné un peu vite comme une rébellion armée n’était que le fer de lance d’une contestation générale où syndicats, partis politiques, société civile, étudiants et travailleurs avaient destin lié. C’est donc un phénomène de libération, et qui s’est vérifié au lendemain du 15 mars par des manifestations de liesse populaire comme nous n’en avions jamais connues en Centrafrique… »

 

 

Trois échecs successifs

 

Comment le régime de Patassé, auquel l’opinion avait attribué tous les records de résistance  est-il cette fois tombé ? Et surtout, comment les soldats rebelles ont-ils pu, ce fameux 15 mars, prendre la capitale Bangui pratiquement sans coup férir ? Le pouvoir de Patassé avait pu survivre à trois mutineries successives, entre 1996 et 1997, grâce à l’intervention répétée des troupes françaises…  

Ainsi le 28 mai 2001. Les rebelles sont repoussés par les troupes loyalistes, une garde présidentielle renforcée par des recrues mercenaires, les soldats libyens et aussi les maquisards – une horde de criminels violeurs et pillards – du chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba, ami et « associé » d’Ange-Félix Patassé. Les troupes de Bemba passent la frontière, délimitant la zone sous leur contrôle en République démocratique du Congo, pour prêter main forte aux forces de Patassé.

L’intervention d’un rebelle opposé au pouvoir légal de son pays, pour le compte d’un pays voisin, n’était pas seulement une atteinte grave aux principes des relations internationales, mais aussi une première dans les relations entre les États du continent. C’est donc à la suite de ce coup d’État, revendiqué par l’ancien président André Kolingba1, qu’entrera en scène le général François Bozizé, qui doit s’enfuir au Tchad, avec quelques centaines de soldats fidèles, pour échapper aux foudres du président Patassé qui l’accuse de complot lié au putsch…            

Ange-Félix Patassé sauve une fois de plus son pouvoir lors d’un nouvel assaut de soldats « rebelles », qui dure du 25 au 31 octobre 2002. Les assaillants se réclament cette fois clairement du général Bozizé qui, depuis le Tchad, avait juré de « renverser Patassé avant la fin de son mandat ». Les assaillants sont repoussés une fois encore.

La riposte du pouvoir se déploie avec un dispositif identique à celui opposé au coup d’État précédent : conjugaison des troupes loyalistes, du contingent libyen et des hommes du Congolais Jean-Pierre Bemba, qui commettent d’horribles exactions sur les populations. Ces actes d’une rare brutalité font aujourd’hui l’objet d’une plainte contre Jean-Pierre Bemba pour crimes contre l’humanité auprès de la Cour pénale internationale2.

Deux facteurs nouveaux interviennent dans cette tentative de coup d’État. D’une part, les partisans armés du général Bozizé ont entrepris leur opération depuis la frontière, devenue très aléatoire, entre le Centrafrique et le Tchad. Autrement dit, à la différence des putschs manqués et autres mutineries observés par le passé, les assaillants n’agissaient pas à partir du système de défense étatique, c’est-à-dire de casernes au périmètre circonscrit. Aussi, les autorités de Bangui n’ont pas hésité à accuser très tôt le pouvoir tchadien d’avoir fourni soutien militaire et équipements à cette rébellion.

 En second lieu, les hommes armés de Bozizé, plutôt que de battre en retraite, comme on l’a vu naguère après avoir été repoussés par les forces du pouvoir, se replient, cette fois, à quelque 300 km. de Bangui, en prenant soin de maintenir des positions dans des villages éparpillés sur cette distance. Ce maintien, avec la promesse d’un « assaut final » face à un pouvoir qui ne pouvait plus prétendre avoir réellement réduit ses adversaires, place pour la première fois le Centrafrique dans une situation de guerre interne, le territoire étant désormais contrôlé par deux forces adverses.       

 

 

Brouille avec le Tchad

 

Pour la première fois, on parle de « négociations avec les rebelles », de « cessez-le-feu provisoire », voire de « dialogue pour la réconciliation nationale », auquel seraient conviées toutes les parties en conflit. Tout cela sur fond de crise politique larvée avec le Tchad voisin. Au départ l’on avait surestimé le soutien supposé de Ndjaména  à l’aventure militaire du général François Bozizé : les autorités tchadiennes avaient rejeté la demande d’extradition formulée par Bangui, ce qui avait déclenché les foudres de Patassé contre son homologue Idriss Déby. En réalité, ce dernier ne voulait pas s’exposer, de la part de ses pairs de la sous-région, les reproches d’ingérence dans les affaires intérieures du Centrafrique ou de tentations hégémoniques. Mieux, alors même que Patassé accusait Ndjaména de tous les complots contre son régime, Idriss Déby disait préférer « continuer à avoir affaire à Patassé (qu’il) connaît » plutôt de miser sur un François Bozizé jugé alors peu convaincant, aussi bien en matière de stratégie politique que pour ses capacités de commandement militaire.

La brouille s’intensifie toutefois entre les deux pays : comme l’on dit à Ndjaména, « Patassé cherche décidément la querelle ». Le président centrafricain fait de l’extradition de François Bozizé une question de principe et accuse le Tchad d’ourdir de sombres intentions d’invasion de son pays. Pour sa part, Ndjaména juge inacceptable la présence à la tête de la garde présidentielle centrafricaine d’un opposant du régime tchadien, Abdoulaye Miskine, réfugié à Bangui et auquel Patassé a aimablement octroyé la nationalité centrafricaine…

Le climat est encore alourdi par des affrontements sporadiques à la frontière nord, opposant d’une part les hommes de Bozizé et les troupes centrafricaines, de l’autre certains détachements tchadiens et des militaires centrafricains. Le Tchad argue de son droit souverain de faire la police, pour ainsi dire, à sa frontière menacée par des initiatives militaires hostiles. Patassé crie à l’agression ; on parle de risque de guerre ouverte entre les deux pays. Une guerre pourtant inimaginable, entre le nain militaire centrafricain et l’armée tchadienne, forgée au fil du temps dans une véritable culture de la guerre…

L’implication des chefs d’État de la sous-région d’Afrique centrale permettra de célébrer, lors de sommets extraordinaires, des moments de réconciliation – du moins en apparence – entre les deux antagonistes et de diminuer, un temps, la tension entre les deux pays. Mais,  si l’on évoque « la raideur » du Tchadien Idriss Déby, c’est pour mieux souligner « le caractère imprévisible et le délire paranoïaque » de Patassé. Et l’on craint que, sous l’empire de son obsession sécuritaire, il alimente les tensions déjà vives dans la région.

Les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cemac)3 décident de déployer une force de sécurité en Centrafrique. L’une des missions de cette force est d’assurer la sécurité personnelle du président Patassé. Ainsi, les chefs d’État se montrent vigilants, vis-à-vis aussi bien des réactions d’Ange-Félix Patassé que des humeurs de son voisin tchadien. En même temps, ils se montrent attentifs aux mouvements du général Bozizé, extradé en France4, et qui ne désespère pas de mener à terme son projet, à savoir la chute de Patassé.

Même s’ils reconnaissent en privé que « le cas Patassé est difficile à défendre », les présidents membres de la Cemac veulent à tout prix éviter le coup d’État en Centrafrique : pas question de cautionner la prise de pouvoir par les armes, désormais sanctionnée par les règlements de l’Organisation de l’unité africaine (Oua). Les chefs d’État sont aussi soucieux de ne pas susciter des vocations de putschistes dans d’autres pays, y compris les leurs... Le président gabonais Omar Bongo s’implique personnellement dans l’affaire, multipliant conseils et mises en garde en direction de la présidence centrafricaine et aussi des opposants.

Lui et son homologue de Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, qui savent que le chef de l’État tchadien, Idriss Déby, est à bout de nerfs et aussi que les hommes armés de Bozizé peaufinent leur dispositif pour « un assaut final » sur Bangui, invitent tout ce monde à la raison. Ils conseillent à Ndjaména d’éviter toute ingérence dans les affaires centrafricaines. Si par ailleurs ils comprennent, eu égard à un schéma patent de guerre civile, que les troupes de Bozizé maintiennent leurs positions, ils leur demandent d’éviter de franchir le Rubicon du coup d’État. Tout au plus, concèdent-ils, le gel des combats pourrait agir comme une pression sur le président Patassé pour le contraindre à tenir la promesse de l’organisation d’un « dialogue de réconciliation nationale ».

 

 

Le « dialogue national »

 

Au début de l’année 2003, ce « dialogue national » est considéré comme la voie cardinale de sortie de crise. Plusieurs partis politiques s’associent à cette idée, non sans manifester leurs réserves, voire une franche méfiance à l’égard des bonnes intentions de Patassé. L’histoire de la crise centrafricaine est en effet émaillée de promesses jamais tenues du chef de l’État. Les « rebelles » armés manifestent toutefois une certaine « bonne volonté », et acceptent de surseoir à leur projet d’offensive, pour donner toutes ses chances à la tenue de ce dialogue.         

Pendant ce temps, Patassé souffle le chaud et le froid. Tout en vantant les vertus du « dialogue », il demande le maintien du contingent de soldats libyens chargé de sa sécurité, et ce contre l’avis de la Cemac, qui estime à juste titre incompatible cette exigence avec le déploiement d’une force souverainement décidée par les membres de l’organisation sous-régionale. D’ailleurs, le guide de la révolution libyenne, Mouammar Khadaffi, pour éviter d’être à nouveau stigmatisé par la communauté internationale, décide de rappeler les troupes qu’il a mises à la disposition de Bangui.

Alors que l’opinion internationale condamne les crimes commis par les coupe-jarrets du Congolais Jean-Pierre Bemba, venus au secours de Patassé, et dont l’opposition réclame le retrait, le numéro un centrafricain clame son « affection » pour Bemba, qu’il considère comme « son fils », et juge que ses hommes ont « fait du bon travail » en Centrafrique. On hésite entre le fou-rire et la désolation, lorsque le chef de l’État centrafricain en appelle, en février 2003, au « retour des soldats français » comme force d’appoint aux troupes de la Cemac…       

Paris oppose le silence à cette demande à tout le moins inattendue. Il faut dire que, si Patassé inquiète les médiateurs de la crise, son futur tombeur, François Bozizé, ne manque pas d’activités non plus. Depuis Paris, et dans d’autres capitales européennes, il multiplie ses contacts pour obtenir financements et appuis pour son projet.

 

 

Le tournant de février 2003

 

Selon plusieurs observateurs, le tournant de la crise s’est produit à la mi- février 2003. Le président tchadien Idriss Déby se rend à Bangui pour marquer « la réconciliation » entre les deux pays. Pendant qu’il est reçu avec fastes et honneurs par son hôte centrafricain, à quelques centaines de kilomètres de Bangui, à l’intérieur du pays, des éléments de la garde présidentielle et ceux du français Paul Barril (conseiller de la présidence centrafricaine et promu « chef de la lutte antiterroriste » par Patassé), se livrent, avec les troupes de Jean-Pierre Bemba, au massacre systématique de populations d’origine étrangère, des Tchadiens principalement. Une opération destinée à « nettoyer », dit-on, les foyers de subversion et de complot !

Idriss Déby qui croit d’abord vivre une très mauvaise farce, se dit trahi. L’affaire centrafricaine alimentera quelques jours plus tard les conversations de coulisse durant le sommet France-Afrique qui se tient à Paris. Invariablement, Ange-Félix Patassé est qualifié de « fou pyromane » ou de « dangereux psychopathe ». Il est devenu bien difficile de défendre cet homme contre le verdict des armes qui menacent son pouvoir.

Le 15 mars 2003, les hommes de Bozizé, certainement soutenus en matériel et moyens logistiques par le Tchad, entrent dans Bangui, sans rencontrer aucune résistance de la garde présidentielle, qui ne peut plus compter sur les soldats libyens. Les hommes de Jean-Pierre Bemba s’enfuient vers la République démocratique du Congo. Les troupes de la Cemac se retiennent d’intervenir, expliquant plus tard qu’une réaction de cet ordre n’était pas comprise dans leur mission.                      

Au moment où le coup d’État se déroulait, Ange-Félix Patassé revenait dans son avion d’un sommet de la Communauté économique des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) qui venait de prendre fin à Niamey, la capitale du Niger. Les stratèges du putsch avaient décidé de laisser la vie sauve à Patassé : son absence de Bangui garantissait cette condition. Alors que l’avion du chef de l’État amorce son atterrissage, il doit reprendre les airs pour aller se poser au Cameroun, à Yaoundé, où Ange-Félix Patassé et sa suite sont conduits à l’hôtel Méridien. C’est le début de l’exil.

François Bozizé s’autoproclame chef de l’État, et le nouveau pouvoir s’installe. Plutôt bien inspiré, il nomme comme chef de gouvernement le « doyen » de la classe politique, Abel Goumba, une figure consensuelle. Tous les partis politiques, y compris le Mouvement de libération du peuple centrafricain  que présidait Ange-Félix Patassé, sont représentés, à des postes ministériels, dans le nouveau gouvernement.

 

 

Des condamnations modérées

 

Le pouvoir dit comprendre les condamnations de principe de la communauté internationale pour « le péché originel » que constitue l’acte du putsch ; mais il ne désespère pas d’être « bientôt mieux compris » pour ce qui est « un acte de libération nationale ». En tout cas, les condamnations portées à l’étranger contre le coup d’État ont été singulièrement modérées ;  surtout, nul n’a réclamé le rétablissement de Patassé dans ses fonctions.

Aussi bien, après avoir condamné la prise du pouvoir par les armes, les chefs d’État membres de la Cemac n’ont pas tardé à confirmer le renouvellement de la mission des forces dépêchées en Centrafrique, y compris des troupes tchadiennes, qui, avant même cette décision, avaient commencé de rétablir la sécurité dans la capitale, à la demande du nouveau pouvoir. Pour sa part, la France a accepté de déployer sur place un contingent chargé d’assurer la logistique des troupes de la Cemac.

Les membres de cette organisation sous-régionale ont officiellement reconnu le nouveau pouvoir le 3 mai 2003. Si, pour les États voisins, le retour à l’apaisement en Centrafrique est un gage de sécurité pour la sous-région, les partenaires extérieurs – France et États-Unis en tête – demeurent très attentifs à l’évolution de la situation et des options du nouveau pouvoir, qui doit redresser un pays aux ressources jusqu’ici mal exploitées, ou gaspillées.

L’apaisement des tensions en Centrafrique participe de la normalisation souhaitée dans les des pays de la sous-région, confrontés à des crises politiques de basse ou haute intensité. Les institutions financières – Fonds monétaire international et Banque mondiale – observent la situation et surtout l’intimité nouvelle entre Bangui et Ndjaména, eu égard à un enjeu de taille : l’exploitation du pétrole tchadien, à présent sécurisée du fait de la disparition des tensions entre les deux pays, et bientôt peut-être, la confirmation des indices pétrolifères relevés en Centrafrique…

Le président François Bozizé veut associer toutes les forces politiques à la réussite de la période de transition. Une « transition consensuelle », selon les termes de Jean-Paul Ngoupandé, condition sine qua non de la remise en marche d’un pays détruit. Reconstruire l’école et le secteur de la santé ; assainir toutes les branches de l’économie, notamment celles du bois et des diamants ; éradiquer la culture de la violence et du pillage, rétablir la sécurité aussi bien pour les Centrafricains que pour les étrangers et permettre, ce faisant, la relance des investissements ; combattre la corruption érigée sous Patassé en système de gouvernement… Des travaux d’Hercule.

Un Conseil national de transition – parlement provisoire – a été installé, composé de personnalités issues des diverses sensibilités politiques. Il devrait accompagner le gouvernement – essentiellement en matière de textes législatifs – dans ses actes et décisions durant la transition. Le général Bozizé, qui avoue volontiers ne pas être « un politique », rappelle avoir simplement rempli une mission militaire, cette solution étant devenue, pour la majorité des Centrafricains, la seule en mesure de « faire partir Patassé et libérer le peuple ».         

François Bozizé a affirmé qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle prévue à l’issue de la transition, dans deux ans. Une amnistie générale a été accordée à tous ceux qui avaient été condamnés – souvent par contumace –  par le régime déchu, après le coup d’État manqué de mai 2001. Cette décision a favorisé le retour de plusieurs exilés, dont l’ancien chef d’État, André Kolingba.

Durant la transition, le pouvoir souhaite relancer le projet de « dialogue de réconciliation nationale », dans un contexte rendu plus serein, estime-t-on, depuis le 15 mars 2003. Un « dialogue » toujours nécessaire pour réunir les Centrafricains – partis politiques, syndicats, société civile, autorités morales – autour d’un projet national commun, afin de reconstruire l’avenir sur des bases acceptées et respectées de tous.

De la réussite de cette transition dépendra la bonne relance du processus  électoral et la pleine restauration de la démocratie, socle du développement et du progrès espéré et attendu de tous. Cela est possible, à deux conditions : la primauté du souci du mieux-être collectif sur les ambitions personnelles ; et aussi, comme ne cesse de rappeler le nouveau pouvoir : « Travailler, et encore travailler ».

 

 

NOTES

 

 

1. En réalité, on reconnaît aujourd’hui que le général André Kolingba avait simplement – et imprudemment –accepté, à la demande des véritables instigateurs, dont le général François Bozizé, d’endosser le leadership de l’opération, en tant que « haut gradé » de l’armée.

2. Parmi les épisodes surréalistes de l’histoire des crises de cette région d’Afrique, Jean-Pierre Bemba est devenu l’un des quatre vice-présidents de la République démocratique du Congo,  à l’issue des accords de paix conclus en avril 2003 à Sun City, en Afrique du Sud, après près de cinq ans de guerre civile. Toutefois, des affrontements armés se poursuivent encore dans le nord-est et l’est du pays, avec, en toile de fond, le pillage organisé des ressources et l’influence toujours active – après une réelle implication – de pays voisins tels que le Rwanda et l’Ouganda, qui soutiennent certains mouvements rebelles de la RDC.

3. Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République démocratique du Congo, Tchad, Centrafrique. Les trois premiers pays ont envoyé des troupes en Centrafrique.

4. Les chefs d’États membres de la Cemac avaient, entre autres résolutions, prescrit l’extradition simultanée du général François Bozizé du Tchad et d’Abdoulaye Miskine de Centrafrique. Le premier a préféré la destination de Paris, au lieu de l’Algérie initialement proposée par Bangui. Il a fallu insister auprès des autorités centrafricaines pour qu’elles se décident à appliquer la décision d’extrader Miskine, qui a finalement été renvoyé vers le Togo.

5. Il s’agit des viols, pillages et massacres ciblés commis contre la population de l’ethnie Yakoma – considérée par le pouvoir Patassé comme une communauté ennemie – et aussi des populations immigrées, tchadiennes particulièrement.

 



* Journaliste, chargé de cours de géopolitique à l’ESSEC

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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 19:03
Vers la mise en place d'un comité préparatoire du dialogue politique
(Agence Centrafrique Presse 13/08/2007)


Bangui, 13 Août (ACAP) Le Président de la République, François Bozizé a annoncé dimanche 12 août 2007 dans une déclaration à l'occasion du 47ème anniversaire de l'indépendance de la République Centrafricaine la mise en place d'un comité chargé de préparer un dialogue politique qu'il prévoit "dans les meilleurs délais".

« J'ai décidé qu'il soit mis en place, en concertation avec les acteurs de la vie nationale, un comité préparatoire du dialogue qui déterminera les modalités pratiques, aussi bien organisationnelles que substantielles au bon déroulement de cette importante concertation », qu'il a présentée comme « un cadre serein d'échanges de vue sur les difficultés majeures de l'heure qui se dressent à nous ».

François Bozizé a déclaré avoir voulu favoriser d'abord les contacts avec les mouvements rebelles afin de créer un environnement favorable au dialogue, ajoutant qu'après les accords de février dernier avec Abdoulaye Miskine et d'avril dernier avec Zacharia Damane, des contacts étaient en cours avec d'autres groupes rebelles, qu'il a invités à déposer les armes pour contribuer à la reconstruction du pays.

L'annonce du Président de la République intervient moins d'une semaine après la publication par M. Abdoulaye Miskine, chef de la rébellion du Front pour la démocratie du peuple centrafricain (Fdpc), d'un communiqué annonçant sa démission du poste de conseiller à la Présidence de la République auquel il a été nommé en juillet dernier et qu'il n'a, du reste, jamais occupé.





Lundi 13 Août 2007 - 14:57
ACAP

 

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