PROJET DE COUP D'ETAT: Soro, Bictogo et Licorne au cœur de l'opération
(Le Matin d'Abidjan 13/12/2006)
Ce n'est plus un secret. La France de Chirac vient de convaincre définitivement sur son parti-pris dans la gestion de la crise qui secoue la Côte d'Ivoire. Elle a décidé de se ranger désormais aux côtés de ceux qui jurent de prendre la Côte d'Ivoire par le chaos. Les derniers développements de la situation à Abidjan faisant foi.
Depuis plus de 4 mois, il ne passe un seul jour sans que l'attention du président Gbagbo ne soit attirée sur des opérations tordues en cours contre son régime. Pendant combien de temps, livrées à elles-mêmes et contraintes de jouer à la fois les rôles de l'oreille et du fusil, les FDS pourront-elles tenir ? Telle est la substantifique moelle du problème qui risque d'emporter non pas les garants des institutions de la république eux seuls mais aussi toutes les âmes sans moyen de défense mais mus par la seule volonté de ne pas laisser leur pays aux mains de l'envahisseur. Depuis jeudi dernier, il se passe des choses pas très claires dans nos casernes. Des soldats approchés avec des mallettes et tombés sous le charme des billets de banque ont décidé de rallier la cause de ceux qui souhaitent changer la nature du régime d'Abidjan sans avoir à passer par les urnes. Des soldats ont reçu entre 2 et 5 millions de FCFA. Les casernes ont été abondamment arrosées. Seul votre quotidien préféré, "Le Matin d'Abidjan" a pu avoir la primeur de l'information. En la balançant, nous avions été traités d'illuminés. Forts de la vérité qui est de notre côté, nous avons poursuivi notre investigation, aujourd'hui confirmée par le communiqué des FDS. Des soldats réputés être des militaires de devoir et de grandes qualités ont été aussi approchés. Ils ont reçu, quant à eux, la bagatelle de 4 millions de FCFA. Certainement pris de remords, certains des achetés s'en sont allés livrer le coup dans toute sa dimension aux plus hautes autorités militaires. Adama Bictogo, militant RDR pur et dur et bras séculier de Alassane Ouattara est cité comme étant le cerveau visible de la vaste opération. Ce dernier après avoir offert les billets de banque, donné ses consignes de déstabilisation avec le soutien de ses mandants, est parti se terrer à l'Hôtel du Golf, aux mains de l'ONUCI. Les soldats repentis crachent tout. Non sans compter, en présence de leurs supérieurs, les billets de banque flambants neufs ayant servi à acheter leur conscience.
Le 43è BIMA offre le gîte et l'onction à Bictogo
C'est donc au vu de la gravité de la situation que le général Mangou est entré dans la danse. Le CEMA va d'abord informer par courrier son homologue, patron de l'ONUCI ainsi que le responsable de la division des Droits de l'Homme de cette même institution, et leur demander la permission que les juridictions compétentes entendent le sieur Bictogo. L'ONU accède donc à la demande et prend toutes les dispositions en la matière. Seulement, elle est coiffée au poteau. Licorne qui a reçu ordre de sauver le soldat Bictogo va s'inviter dans la danse. Tard dans la nuit de vendredi dernier, Licorne exfiltre donc Bictogo. La languette lagunaire qui ceinture l'Hôtel du Golf, de même que Marcory et Koumassi, permet aux soldats français de mettre Bictogo au chaud dans leur camp du 43è BIMA. Quand la hiérarchie des FDS apprend le "coup tordu", elle envoie une délégation rencontrer la hiérarchie de Licorne aux fins que Bictogo soit remis à la justice de la Côte d'Ivoire pour nécessité d'enquête. Ce que Licorne n'admet pas. Elle refuse carrément de remettre Bictogo. Telle est la trame du feuilleton qui oppose actuellement la Licorne aux FDS de Côte d'ivoire par putschistes interposés. Que retenir de cette situation qui fait ressortir une fois de plus que la France dénie à la Côte d'ivoire sa souveraineté ? Comment Licorne peut-elle refuser de rendre aux autorités ivoiriennes un individu ayant pris sur lui d'organiser le renversement des institutions nationales ? Dans une interview accordée à Ouagadougou le 26 novembre 2004, CHIRAC, reconnaissait devant les micros de "TV5" et de "RFI", à l'occasion du Xème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, que "Licorne est sous les ordres de l'ONUCI et sous mandat de l'organisation des Nations Unies, de la CEDAO et de l'Union africaine ". Pourquoi alors Licorne refuse-t-elle de suivre les recommandation de l'ONUCI ? C'est là toute la dimension du coup d'Etat contre Gbagbo que l'on annonce pour la période du 12 au 17 décembre prochain. Une opération qui a nécessité de gros investissements de la part de la holding de la mort composée du RHDP dans toute sa globalité, de la Licorne et du mouvement rebelle. D'ailleurs pour bien faire les choses, la presse internationale, par la voix de Jeune Afrique a planté le décor. Son édition d'il y a quelques jours ne présentait-elle pas Simone Gbagbo sous un prisme démoniaque ? Que dire des partenaires de Banny qui saoulent en ce moment les villages de la région des lacs et même la capitale, Yamoussoukro, d'un triomphant "à partir du 16, Gbagbo tombe" ? L'enfant de Môrôfê ne veut pas faire les choses à moitié. En intérieur, il a le soutien de son ministre de la défense avec la complicité de qui il a travaillé à asseoir sa stratégie. Le colonel Koné Mangbi a été muté en Grande-Bretagne. Ce pays est chargé de surveiller l'embargo imposé à la Côte d'ivoire. Le rôle du colonel Koné est en réalité d'aider les autorités britanniques à museler en douce Gbagbo. Son frère d'armes le colonel Malick Ngouandi est depuis peu au Ghana. D'où de folles rumeurs nous parviennent depuis. Quand on sait que ces deux officiers ont la particularité d'être des amis de longue date, de même que des éléments clés du système Mathias Doué, il y a des conclusions qu'il faut vite tirer. Dans la même phase de décapitation des FANCI, 30 officiers ivoiriens ont été mis à la disposition de l'ONU et affectés au Liban pour des opérations de sécurité. D'autres soldats, dit-on, vont suivre. Comment comprendre qu'une Côte d'Ivoire sans grands moyens de sécurité puisse se débarrasser de quelques uns de ses éléments au moment où elle en a le plus besoin ?
Les architectes du coup
Pour bien asseoir la stratégie de mise à mort de Gbagbo, chaque officine a été appelée à jouer sa partition. Le RHDP et ses ouailles prendront la rue. Le 16, dit-on. Peu importe comment. Ils ont pour mission d'y faire feu de tout bois. La phase pilote de cette opération a eu pour théâtre Toumodi où les sympathisants du RHDP, mais surtout du RDR, ont fait du porte-à-porte pour museler ce qui pouvait encore y représenter la République. A bien y voir encore, cette situation ressemble aussi étrangement à l'opération "la nuit de cristal" lancée par Adolf Hitler. Cette nuit où le dictateur allemand a fait brûler les maisons des juifs, réduit au silence, maison par maison, les plus irréductibles. Avant de prendre le pouvoir. Mieux, ce que vit actuellement la Côte d'Ivoire ressemble fort bien à la veille de la nuit ou l'avion de Habyarimana a explosé. Toutes les forces en présence savaient que quelque chose se préparait mais n'ont rien fait pour endiguer la vague de violence qui allait s'abattre sur le Rwanda à la suite de ce coup tordu. Les forces en présence sont les mêmes ici, à une exception près. Après, ce fut le génocide. L'histoire voudrait-elle se répéter qu'elle n'aurait pas planté le même décor à Abidjan. Passons de son côté, Licorne qui est partie prenante dans l'opération, attend son heure. Tapies dans l'ombre, elle doit apporter l'appui logistique dès que le signal lui sera donné. Déjà, des soldats français ont pris pied à l'île aux Serpents, du côté de Bingerville. De là, ils auront accès, par un simple battement de l'aile, au domicile de Laurent Gbagbo. Le côté mystique n'a pas été ignoré. Comme avant décembre 1999, aux côtés de Konan Bédié, le grand maître rosicrucien, Christian Bernard, sera à Abidjan dans la période du 14 au 18 décembre prochain, pour les besoins d'un séminaire, annonce t-on. Bluff ou réalité ? Seulement, il ne faut pas s'y méprendre et croire que la rébellion n'est pas partie prenante dans l'affaire. C'est elle qui co-actionne tout. La preuve, le général Alain Mouandou, plusieurs fois cité dans des tentatives de coup d'Etat, et récemment passé du côté de la Primature, séjourne depuis vendredi dernier à Bouaké. Là-bas, son activité a pris du volume. Il travaille en ce moment même sur ledit projet de déstabilisation en sa qualité de conseiller militaire du chef rebelle Guillaume Soro, avec le colonel Bamba Sinima. Il réside actuellement au domicile du colonel Bakayoko Soumaïla. La boucle est vraiment bouclée. Un coup d'Etat est en gestation. Ado et Banny l'ont financé, Soro est à la manœuvre et Licorne en appui. Le RHDP va juste jouer les lampistes et les chairs à canon. Il faut résolument un soupçon de dictature à Gbagbo pour mater cette chienlit. A bon entendeur…
William-Varlet ASIA
L'opposition tente de noyer le poisson
Un projet de coup d'Etat éventé ! Le énième, depuis le déclenchement de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002. Déjà samedi dernier, " Le Matin d'Abidjan ", votre quotidien préféré, avait levé le lièvre en se faisant l'écho, et cela de façon exclusive, de ce mauvais vent que les ennemis du régime s'apprêtaient à faire souffler sur la République. Désarçonnée par nos révélations, qui gênent visiblement sa stratégie, le bloc de l'opposition civile et militaire a mis 72 heures pour trouver la parade. Et cela sous la forme d'un article publié hier dans les colonnes d'un quotidien proche du G7 ivoirien. Pour l'occasion, l'on a fait appel à l'un des meilleurs stylos de la rédaction. Car la mission, fort délicate,-qui consistait à noyer le poisson en faisant croire à un faux complot-, ne pouvait être confiée à un scribouillard ou autre lampiste de fortune. Comme à son habitude, notre confrère n'a pas fait dans la dentelle. Dans un " papier " digne d'un roman, il travestit les faits qui ont conduit à la mise aux arrêts du Mdl Molou N'guessan Ben, qui serait un homme sans histoire, que le haut commandement militaire voudrait pendre haut et court, pour le seul crime de figurer sur une liste dressée par le colonel Kouassi Gervais, à l'effet de faire partie des structures de sécurité de la primature. Quelle prouesse ! Aussi pour mieux tourner en dérision, l'article évoque-t-il une somme de 24 millions que le gendarme aurait reçue de la part d'Adama Bictogo, là où en réalité Molou Ben a avoué avoir reçu la somme de 4 millions à titre personnel. Mais on l'aura compris, l'objectif de notre confrère était d'installer le doute dans les esprits, détourner la vigilance des forces de défense et de sécurité, pour que les déstabilisateurs réussissent leur coup, que la presse proche de l'opposition s'empresserait aussitôt de justifier. Et tant que cet objectif n'est pas atteint, toute révélation sur un projet d'atteinte à la sûreté de l'Etat sera vue comme un grossier montage, un prétexte pour opérer des purges dans l'armée ou reprendre la guerre. Telle semble la consigne reçue par certaines rédactions qui mènent le combat aux côtés du RHDP. C'est assurément ce qui explique que des confrères qui ne sont pas forcément parmi les derniers de la classe, arrivent à prendre des libertés avec le professionnalisme pour basculer dangereusement dans la propagande et le mensonge. Pourvu que cela serve la cause des siens. Triste que tout cela. A présent que le porte-voix de l'état-major des troupes gouvernementales est venu confirmer le projet des putschistes, que dira encore l'opposition ? Certainement que "Philippe Mangou voit des coups d'Etat partout ". Mais les Ivoiriens ne sont pas dupes, qui auront compris la manœuvre de l'opposition civile et militaire à Laurent Gbagbo, leurs journaux y compris.
Yves De Sery
Yvesdesery2@yahoo.fr